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L'amertume des jours passés - Test niveau III (solo)

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Sally Sullivan


Jeune fille traquée (Sally S.)
Sally Sullivan

Originaire depuis le : 09/01/2014
Récits contés : 492

RPG
Âge : 19 ans
Groupe: Discret
Inventaire: Poupée de chiffon

MessageSujet: L'amertume des jours passés - Test niveau III (solo)   L'amertume des jours passés - Test niveau III (solo) EmptyMar 9 Juin - 19:27


Ce matin, il n’était pas de bonne humeur. Les filles étaient angoissées, derrière le bar et à la plonge. Elles tremblaient comme des feuilles mais tâchaient de ne renverser aucun verre, car le patron ferait alors éclater sa colère. C’était un homme grand, et un peu bedonnant. Mais ces deux bras n’étaient taillés que de muscles puissants, qu’il pouvait flanquer dans la figure de n’importe qui sans qu’on ait le temps de réagir. La violence de ce tavernier n’avait d’égal que son arrogance, et son air menaçant qu’il arborait en permanence, comme un prédateur. Il gérait son établissement d’une main de fer. Pauvre et endetté, tout était bon pour flatter les clients de sorte qu’ils payent toutes leurs consommations sans rechigner. Les prix étaient ridiculement bas, et parfois le patron offrait deux boissons pour le prix d’une. Le voir se faire si petit devant des clients miteux était risible. Ce mauvais commerçant, avare et stupide, était la risée des Ghettos. Il était vraiment prêt à tout pour garder la tête hors de l’eau, même à laisser les serveuses de son établissement se faire tripoter par les héros de la classe ouvrière en mal d’amour.

Mais les seuls qui pouvaient rire de ces pratiques étaient les personnes extérieures à ce bar maudit. Le personnel, exclusivement féminin pour attirer le mâle qui rôde après une dure journée de travail, souffrait beaucoup de la gestion maladroite de leur patron. Certaines s’en accommodaient, préférant largement les remarques salaces et les mains aux fesses plutôt que le tapin sur le pavé. D’autres ne disaient rien et obéissaient en silence, persuadées qu’elles auraient la paix si elles faisaient profil bas. Les ressentis divergeaient, mais toutes les jeunes femmes avaient peur. Lorsqu’elles terminaient le service après minuit, elles se dépêchaient toutes d’aller se reposer dans les combles infâmes du bâtiment pour dormir quelques heures à peine avant de recommencer dès le lendemain matin. Et si le patron n’était pas satisfait ou n’était pas de bonne humeur, l’une de ces pauvres filles se faisait taper dessus, sans le moindre ménagement. Parfois, il en étourdissait une pour plusieurs heures tant il déchainait ses coups. Pour un homme qui voulait à tout prix faire tourner son établissement, il ne comprenait pas qu’il fallait faire en sorte que le personnel, le moteur-même de son commerce, soit en bon état de marche. C’était comme pour une machine… Elle ne peut fonctionner que si le moindre de ses petits rouages est placé correctement à sa place, et en bon état.

C’était ce que pensait la jeune Sally. Paria de naissance, elle travaillait dans cette taverne depuis un an déjà. Elle y avait atterrit peu après son arrivée à Nordkia, lorsqu’elle avait fui le Laboratoire de Madame Sullivan. Elle qui avait si soif de connaître le monde merveilleux que ces livres de malheur lui avait dépeint… Elle avait été affreusement déçue de voir qu’il était aussi sale, laid et froid que les laboratoires qu’elle avait quittés. Entrer dans le mnde des Üniks avait été un faux pas dont Sally n’avait pas mesuré l’ampleur. A présent face à son échec, elle se disait que ce n’était pas cela, la vie qu’elle voulait mener. Ce patron abominable lui faisait peur. Elle n’aimait pas croiser son regard, ni lui parler. Pourtant, lui appréciait avoir Sally en sa compagnie. Le métissage dont elle bénéficiait en tant que fille d’un Ünik et d’une Hybrid, l’avait doté d’une beauté étrange qu’on ne rencontrait pas souvent à Urban City. La Paria l’ignorait cependant, c’est pourquoi elle ne comprenait pas pourquoi cet homme éprouvait le besoin de faire trainer ses grosses mains sur elle. Les épaules, le dos, la joue… Il lui parlait souvent d’une voix doucereuse qu’elle savait fausse, et qui l’inquiétait. Elle n’était pas la seule envers qui il avait ce comportement libidineux. Malheureusement, chacune de ses victimes était soulagée de voir qu’elle n’était pour l’heure pas sa cible, et qu’il s’intéressait à une autre, espérant alors qu’il l’oublie à jamais.

Quand il était de mauvaise humeur, il venait souvent à ses filles favorites, et les entraînait dans un bureau où seul lui pouvait normalement se rendre. Il fermait alors la porte et l’on n’entendait plus rien. Souvent, la fille ressortait après une ou deux heures, et s’en allait sangloter dans les mansardes. Une fois, l’une d’entre elles s’était rendue sur le toit, pour s’échapper vers un point plus élevé de la cité, et s’était jetée dans le vide. On n’en avait retrouvé que de la chair à pâté…
Ce jour-là, le patron était donc énervé. Les filles travaillaient dans un silence de mort, perturbé parfois par le soupire effrayé de leur haleine suspendue et angoissée. Sally était dans un coin de la sombre salle de service. Elle nettoyait avec un chiffon noirci les tables de bois craqué qui peuplaient le plancher grinçant.  Penchée sur son ouvrage, elle sentait son cœur frapper contre ses temps. Non. Elle ne devait pas avoir peur, elle aussi… Elle devait se concentrer sur ce qu’elle faisait et ne penser à rien d’autre.

Mais la jeune femme sentit deux mains derrière ses oreilles, qui saisirent doucement sa longue chevelure brune, pour la placer le long de son dos. Sally cessa alors de frotter, et se retourna doucement face à son employeur, qui la toisait d’un air mauvais.
« Attache-toi les cheveux pendant le travail, lâcha-t-il.
- Oui, Monsieur… » répondit-elle, d’une petite voix. Elle sortit un vieux ruban de sa poche, et le noua autour de ses cheveux. A présent, une queue de cheval épaisse tombait sur sa nuque. Elle releva son regard, brillant de crainte.
« Voilà. Faut qu’on voie ton visage pendant que tu sers. Maint’nant va t’occuper du client, là-bas ! »
Le tavernier lui désigna un jeune homme vêtu entièrement de noir, qui se trouvait assis derrière le bar, droit comme un i. Sally y courut immédiatement, et demanda au client ce qu’il désirait consommer. C’était un garçon plutôt fin, aux cheveux noir de jais. Quand Sally se trouva face à lui, il planta son regard sombre dans le sien, sans la moindre timidité. Il plissa ses yeux étranges et adressa un sourire mystérieux à la jeune femme.
« Quelque chose d’amer » dit-il après quelques instants de silence. Sally acquiesça, et lui prépara une pinte de bière. Celle-ci n’était pas de très bonne qualité, mais pour en avoir bu un jour, elle la savait terriblement amère, râpeuse et collante au palais pour toute la journée. Elle servit le jeune homme, qui s’empara de sa choppe d’un geste lent, et porta la boisson à ses lèvres.
« L’amertume est un goût fascinant… » souffla-t-il à Sally après avoir avalé la première gorgée. La jeune femme le regarda l’air étonné. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il fasse la conversation, ce jeune homme au manteau noir qui lui remontait jusqu’aux joues, et qui lui retombait jusqu’aux chevilles. Ne pouvait-il pas boire sa bière infecte et s’en aller ?
« C’est écœurant tant c’est mauvais, poursuivit le mystérieux client. Pourtant, l’amertume pousse à l’obstination : c’est en buvant des pintes comme celle-ci que l’on s'en accommode. On la sait pourtant désagréable en bouche, cette amertume. Insipide comme de la cendre. Mais on s’y habitue à force, et comme anesthésié, on n’y prête plus guère attention. » dit-il en souriant, amusé par ce qu’il disait.

Le jeune homme lança un regard malicieux à Sally.
« Mais… Est-ce pour autant que l’on finit par l’aimer, cette amertume ? » La jeune femme ignorait s’il s’agissait d’une vraie question. Mais puisque le client la regardait avec insistance, elle se hasarda à répondre, à voix basse, pour éviter que son patron l’entende :
« Je ne sais pas, Monsieur…
- Au contraire, lui assura le jeune homme en noir, je crois que vous êtes une personne très bien placée pour savoir… Si l’on s’habitue tant que cela à ce qui nous est si désagréable ».
De quoi pouvait-il bien parler, ce drôle d’oiseau ? Sally ne comprenait rien à ses histoires. Elle finit par s’excuser auprès du client, pour se rendre à une autre tâche. Sinon, le patron dirait qu’elle tirait au flanc et cela lui vaudrait une correction trop sévère pour qu’elle ne veuille en prendre le risque. Le jeune homme ferma les yeux et lui adressa un signe de tête avant de rire doucement. Quel étrange personnage…

Pendant les heures suivantes, Sally et les autres filles servirent les clients qui arrivaient pour le déjeuner. L’homme en noir n’avait pas quitté le bar, et commandait régulièrement diverses choses. Le personnel de la taverne commençait à se poser des questions sur son identité. Si bien que le patron s’était approché de lui pour sympathiser, dans le but de faire de celui qu’il croyait être un gosse de riche en manque d’alcool, un client habitué de son bouge affreux. La jeune Paria leur avait parfois jeté des regards curieux. Le patron riait à gorge déployée par moment, alors qu’elle n’entendait pas le garçon. Sa voix était feutrée, douce et grave, celle d’une personne discrète qui se tapissait dans l’ombre pour n’en jamais sortir. Face à lui, Sally avait été troublée, et n’avait pas su comment se comporter.
C’était un jeune homme perturbant, dont l’aura sombre et belle était semblable à l’élégante araignée qui emprisonne les misérables insectes qui avaient l’infortune de se coincer dans sa toile. Mais perdue dans ses pensées et ses questions, Sally finit par renverser un plateau en se prenant les pieds dans une latte de parquet mal alignée. Le tout arriva sur une table où quatre hommes jouaient aux cartes. Bien que ce fut la jeune femme qui reçut la plus grande partie des liquides alcoolisés et puants sur sa vieille robe grise et miteuse, les clients protestèrent et l’insultèrent, ne tolérant pas d’être dérangés. Sally entendit un bruit de tabouret annonciateur de ce qu’elle craignait tant.

« Sally, essuies-toi et viens dans le bureau immédiatement ! » aboya le patron, qui partit le premier dans ladite pièce. Sally s’excusa auprès des joueurs de cartes, se dirigea vers le bar et tâcha d’essuyer son tablier avec un torchon sale. Le jeune homme n’avait pas bougé. Alors qu’elle baissa les yeux, elle vit le tiroir à couverts… dans lequel se trouvaient des couteaux de cuisine fins, mais longs et robustes. Le jeune homme en noir lui sourit encore une fois :
« On n’est jamais trop prudent, n’est-ce pas ? »
Sally l’observa en silence. Pendant un instant, il lui semblait qu’elle ne savait plus ce qu’elle faisait. Elle ouvrit d’un geste très lent le tiroir, et en sortit un couteau aiguisé qu’elle cacha dans son tablier légèrement roulé. Elle se dirigea ensuite vers le bureau qui se trouvait à l’étage, auquel on accédait par un petit escalier au fond de la salle.

Lorsqu’elle monta, elle vit dans le couloir la lumière de la porte laissée entrouverte. Sally marchait lentement, sentant son cœur se serrer dans sa poitrine, et son ventre se tendre sous l’effet de la peur. Elle tenait dans sa main fine le couteau qu’elle avait dérobé, si fermement qu’on aurait dit que sa vie en dépendait. Sally arriva sur le pas de la porte, et jeta un regard inquiet à l’intérieur de la pièce. Le patron s’y trouvait déjà, mais de dos. Il avait retiré sa veste, et grommelait quelque chose d’incompréhensible. En maillot de corps il était toujours aussi répugnant. Répugnant comme la boisson et la nourriture qu’il vendait. Ce quotidien infâme qu’elle avait subi depuis son arrivée à Nordkia ne lui laissait en bouche qu’un goût amer… Si amer qu’elle aurait pu en vomir son cœur. Piétinée qu’elle était depuis un an, elle s’était habituée à son employeur tyrannique. Mais était-ce pour autant qu’elle l’appréciait ? Bien au contraire… Sally détestait cet homme.
Le patron fumait un cigare bon marché, et était trop occupé à savourer les derniers instants avant de profiter de ce corps féminin qui venait à lui, pour entendre que Sally avait pénétré la pièce. Elle brandissait le couteau d’un air déterminé. Elle savait très bien que si elle se faisait prendre, il pourrait la casser en deux comme un morceau de sucre. Mais qu’importait… Soit elle parvenait à s’enfuir aujourd’hui en espérant vivre moins misérablement, soit elle mourrait ici. C’était un pari à prendre.

« Allez ma belle, tu vas voir ce que ça coûte de faire la maladroite au milieu des clients… » siffla le tavernier, alors qu’il commençait à ôter son pantalon sous la boucle ouverte de sa ceinture.
Mais lorsqu’il amorça un mouvement pour se retourner, Sally lui fondit dessus, et vint planter la lame de son couteau profondément entre ses côtes. L’homme poussa un cri de douleur, et se retrouva un genou à terre. La Paria n’attendit pas qu’il se relève pour s’enfuir. Elle sortit du bureau à toutes jambes, et sauta par-dessus plusieurs marches de l’escalier. Elle courut à travers la salle de service, et s’enfuit dans les ruelles des Ghettos aussi vite qu’elle le put, entendant derrière elle le patron lui hurler qu’il allait la tuer. Sally continua, et courut jusqu’à ce que les muscles de ses jambes cessent de la porter tant ils la faisaient souffrir.

Elle était arrivée dans une toute petite ruelle sombre où pas même un chat n’aurait voulu passer la nuit. Recroquevillée sur elle-même, Sally tremblait. Qu’est-ce qui lui avait pris ? Elle n’en revenait pas d’avoir tenté de tuer un homme. Il était le contraire d’un honnête et gentil homme, mais il n’en demeurait pas moins une vie. Qui était-elle pour avoir tenté de la lui prendre ? En plus elle n’avait pas réussi. Sally soupira, se trouvant très idiote. Elle se voyait déjà condamnée à vivre ainsi dans les rues comme une va-nu-pieds, à faire la manche ou les poubelles pour trouver à manger. A moins qu’elle ne se prostitue, mais elle savait que son corps nu dégoûterait n’importe qui, à cause de toutes ces cicatrices que cette sorcière de Sullivan lui avait fait pendant toutes ces années… La Paria rentra la tête dans ses genoux, et grelotta, attendant le petit elle ne savait quoi qui lui donnerait la force de se lever, et d’aller de l’avant.
« Eh bien, ce fut une sortie des plus fracassantes ! » Sally redressa subitement l’échine, et se retrouva face à ce jeune homme aux cheveux noirs qui était au bar quelques instants auparavant. Il l’avait suivie ? La jeune femme voulut s’enfuir, mais il se baissa prestement à sa hauteur pour lui saisir le poignet.
« Ne crains rien. Je suis ton allié… » lui dit-il d’un ton rassurant. Elle voulut se défaire de son étreinte, mais quelque chose dans le regard de ce garçon lui était familier. Il avait un petit quelque chose qui la poussait à lui faire confiance, ce qui n’avait aucun sens car ils étaient l’un pour l’autre de parfaits inconnus. C’est du moins ce que croyait Sally.

Alors qu’il les releva tous les deux, la jeune femme posa alors la question qui le brûlait les lèvres :
« Qui êtes- vous ?
- Cecil Friedrich de Rosenwald, répondit le jeune homme en faisant une élégante révérence à Sally. Mais pour plus de simplicité ma chère Sally Sullivan, je t’autorise à m’appeler par mon prénom.
Ce tutoiement soudain, et le fait qu’il connaisse son véritable nom intriguaient beaucoup Sally. Mais qui diable était cet homme ? Il semblait la connaître depuis longtemps. Elle voulut lui poser encore une question, mais Cecil la pris de court :
« Nous devrions aller discuter ailleurs… tu ne crois pas ?
- Mais… Et la taverne ? Qu’est-ce qui est arrivé après que je sois partie ?
- Oh, ça ? Tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet, répondit Cecil, en plaçant son index devant ses lèvres. Sa main était gantée… Et sur ce gant, il y avait de larges tâches de sang. J’ai fait taire à jamais ceux qui auraient pu nous causer du souci à l’avenir. Mais rassure-toi les autres filles n’ont rien. De toute manière, je leur ai laissé la vie sauve contre leur promesse de ne jamais rien révélé de ce… malheureux incident ». Cecil émit un petit rire amusé. Sally demeura pétrifiée un instant. Le jeune homme retira son manteau, et le posa sur les épaules de la jeune femme avant de les enrober d’un bras complice.
« Je suis ravi que tu aies si vite compris le sens caché de ma petite leçon sur l'amertume... Allons, il est temps de rentrer. »

Où est-ce qu'il l'emmenait, la jeune femme n'en savait rien du tout. Mais c’est ainsi que Cecil entra dans la vie de Sally, pour n’en plus jamais sortir…

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